" Le manipura est donc le centre de l'identification à Dieu, où l'on devient un fragment de la substance divine, doté d'une âme immortelle. Nous faisons alors partie de ce qui ne relève plus du temps, de l'espace tridimensionnel. Nous appartenons à un ordre à quatre dimensions où le temps constitue une étendue, où temps et espace ne sont plus, où seul existe la durée infinie, l'éternité. "
Il me semble que la danse Kagura Mai est son espace scénique dans le temps et l'espace
-Bernard
L’extrait qu’a choisi Bernard et qu’il met en rapport avec la danse Kagura Mai me semble tout à fait pertinent. La danse Kagura Mai, danse extatique que pratiquait Ueshiba Morihei est en effet, selon lui, l’essence du rite (matsuri). Le rite ne se présente pas comme une évocation symbolique d’une réalité métaphysique, mais la présentation (actualisation) d’une telle réalité dans le plan phénoménal. Lors de la danse Kagura Mai, telle que nous l’avons étudiée en atelier (voir mon étude « Le corps inconscient et l’Âme du monde selon Jung et Pauli »), nous pouvons observer de quelle manière les individus sont conduis, à leur insu, selon une totalité, de sorte que le collectif s’ordonne spontanément. Il semble que cet ordonnancement s’effectue indépendamment des perceptions, de la sensibilité, selon un principe qui dépasse les clivages moi/autrui, monde intérieur/monde extérieur, physique/psychique, principe que l’on peut appeler « Âme commune ». De plus, comme nous l’avons montré, cet ordonnancement s’accompagne d’une modification du temps et de l’espace vécu collectif : disparition de la flèche du temps. Chacun des actants fait alors l’expérience d’appartenir à un tout qui le dépasse. Nous pouvons ainsi reprendre, dans une certaine mesure, les propos de Jung concernant le rite catholique du baptême : « Vous recevez alors une âme immortelle […] S’approcher de la divinité, c’est échapper à la futilité de l’existence personnelle. »
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